L'économie viticole constituait l'essentiel des revenus de la population saint nazairienne.
Comme dans l'ensemble du Languedoc, la vigne s'est étendue à partir du milieu du XIX° siècle, remplaçant la culture céréalière. Une activité fortement rémunératrice et en plein essor, la preuve en ait qu'au début du XX° siècle l'hectare de vigne est 65 % plus cher que l'hectare céréalier(1). D'où la forte proportion de ''propriétaires'' et de ''cultivateurs'' dans la population, les plus importants ont des ''domestiques'' c'est à dire des ouvriers agricoles.
Certaines activités sont directement liées au travail de la vigne. Ainsi, on compte deux maréchaux ferrant (Louis COULEUR, Joseph VIILEBRUN), qui s'occupaient des chevaux de traie, aiguisaient ''pioches'' , ''bigos'' et autres outils agricoles, mais pouvaient également accomplir des ouvrages de ferronnerie. Un distillateur, pour la production de l'eau de vie (André TABARIE).
Extrait de facture, archives privées Famille F. Bouissiere
Devant l'atelier de Joseph VILLEBRUN, archives privées Famille G. Villebrun
Archives privées Mr J.M. Chauvet
On compte peut-être plusieurs cafés, mais dirait-on à l'époque des débits de boissons. Un cafetier et son épouse Théophile MAS et Sylvie MARTY. Par cafetier il faut entendre textuellement qui vend du café. Également un limonadier (Frédéric CARRIERE). Autrefois les limonadiers étaient des fabricants et par extension des vendeurs de limonade, mais cette corporation avait eu précédemment le droit de distiller des alcools.
Un receveur buraliste (Louis RAYNAL), à l'époque un emploi déjà réservé aux anciens combattants ou victimes de la guerre de 1870. Il vendait du tabac, monopole d’État, et percevait les taxes sur les alcools et leur transport.
Pour les besoins de la population, trois épiciers (François GASC, Emile ASTRUC, Antoine AIN), deux boulangers (Martin VIEU, François CHAPPERT), deux bouchers (Victor JOUGLA, Antoine SABATIER). Tous épaulés par leurs épouses pour tenir la boutique.
Il fallait aussi se chausser et s'habiller, d'où la présence de trois cordonniers (Jean CAZALS, Médard MAZURKI, François BRU) et plusieurs ateliers de couture réunissant six couturières.
Deux maçons (Joseph PISTRE, Emilien GUIRAUD) et un menuisier (Joseph RECOULES) s'activent pour tout ce qui est caves et maisons.
La carrière de marbre est alors en activité puisque l'on trouve trois ''marbriers'' (Pierre FAGES, Felix LIBES, Servin LIBES).
Saint Nazaire est déjà relié à l'extérieur par le télégraphe dont Alice GASC a la charge.
Les actes de successions et autres sont signés sur place dans l'office du notaire Jean SALASC.(2)
Durant les années qui précèdent la guerre la viticulture reste encore un peu malade après deux crises majeures, celle du phylloxera qui décime le vignoble entre 1870 et 1890, puis celle de la mévente du vin qui aboutit à la révolte du Midi en 1907.
Une crise à la fois agricole, économique et commerciale. Elle coïncide avec la loi de 1903 qui détaxe le sucre et permet un développement de la chaptalisation, interdite dans le Midi. Pour les viticulteurs du Midi qui enregistraient une diminution du prix de leur vin depuis 1900 cette loi est inacceptable, et les betteraviers du Nord sont leurs boucs émissaires.(3)
L'hectolitre de vin passe de 20 à 12 francs en 1900 et jusqu'à 5 francs en 1903 alors que la production diminue. Ce déclin passe par une grève des journaliers en 1903 et en 1905. Des comités de défense viticole s'organisent dans les villages, qui vont aboutir aux grandes manifestations de mai et juin 1907. Ceux sont les « creban de fam », les « bourses plates » qui défilent derrière leurs leaders dont le plus charismatique est Marcelin Albert. Les viticulteurs du Midi défendent leur production aux cris de « Morts aux fraudeurs ! », « Justice pour le vin ! » ou « Vive le vin naturel ! ». Face à un mouvement qui se transforme dans certains cas en émeutes, Clemenceau tente d'y mettre fin en envoyant des régiments ; dont le 17eme de Béziers, occuper les départements languedociens. Au soir du 20 juin le 17eme de Béziers se mutine. Composé des enfants de viticulteurs du Biterrois, il refuse de tirer sur les manifestants, c'est à dire leurs propres familles. Les Héraultais et plus précisément les Biterrois cantonnent à la caserne Saint Jacques de Béziers.
Caserne St Jacques, Archives privées Mme M. Molina
Extrait du blog A la découverte de l'Aude et escapades en Ariège.
Il reste à reconstituer ces événements à partir de Saint Nazaire de Ladarez. Comment nos viticulteurs ont-ils pris part aux grandes manifestations ? Le conseil municipal a-t-il démissionné comme dans les autres 442 communes ? Dans tous les cas le village est concerné. En effet parmi les 589 mutins, Rémy Pech (4) relève deux enfants du village : Philippe Louis Villebrun et Jean Joseph Oustry Les mutins du 17eme de Béziers reçoivent comme sanction un éloignement temporaire de leur terre et de leur famille, ce à quoi ils tenaient le plus. Ainsi ils sont déportés à Gafsa dans le désert tunisien pendant plusieurs mois.
Le camp de Gafsa, Archives privées Mme M. Molina
Nous retrouvons nos deux mutins dans les registres de matricules militaires : Jean Joseph OUSTRY avait débuté son service militaire le 9 août 1905. Le registre mentionne une campagne en Tunisie ; c'est à dire déportation à Gafsa, du 26 juin 1907 au 20 mai 1908, à savoir 11 mois. Il est mobilisé le 4 août 1914. Porté disparu à la bataille de Verdun entre la cote 304 et le Mort homme le 21 mai 1916 et déclaré mort pour la France par un acte officiel du 13 octobre 1920. Quant à Philippe Louis VILLEBRUN, il est affecté au 17eme Régiment d'Infanterie de Béziers le 7 octobre 1908 et déporté à Gafsa du 26 juin 1907 au 20 mai 1908. Il est mobilisé le 1er août 1914, « Tué à l'ennemi » le 20 décembre 1914 à Malancourt au nord ouest de Verdun. Ainsi la guerre vient interrompre ces deux parcours, qui montrent combien nos soldats étaient attachés à leur terre natale et à ce qui la faisait vivre c'est à dire la viticulture.
L'économie du village se poursuit pendant la guerre. Sans les hommes partis au front, les femmes prennent la tête des exploitations. Contre toute attente la production et le prix du vin repartent à la hausse, c'est la demande des armées qui relance le marché. Ce sont des millions d'hectolitres qui vont compléter la ration journalière des hommes de troupe, pour leur donner le courage d'affronter les rudes conditions de la guerre des tranchées.
1, 3 et 4. Rémy PECH et Jules MAURIN, 1907, Les mutins de la République, La révolte du Midi viticole. Edit. Privat, 2007. 2. D'après le recensement de population de 1911.
Lecteurs : Mme Simone OCCHUIZZI
Melle Charlotte LOUBET
M. Georges VILLEBRUN
M. Francis OCHUIZZI
M. Jean Michel CHAUVET
M. Dany COURVILLE
Avec la participation de Mathias et Gaël MARROT
Tous nos remerciements :
- Aux Saint Nazairiens qui nous ont généreusement ouvert leurs archives familiales
- A la Communauté de Communes
- A Mr Jean Louis MADALLE Maire de Saint Nazaire de Ladarez et l'ensemble de sa Municipalité.
TABLEAU SOCIO-ECONOMIQUE DE SAINT NAZAIRE DE LADAREZ A LA VEILLE DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE.
A la veille de la Grande Guerre, et d'après le recensement de population de 1911, le village compte 648 habitants, formant 210 ménages et occupant 203 maisons, 7 campagnes sont occupées dans les écarts : Libes, Boutigné, Souydou, La Renarderie, Barrac, Borio de Barrac et Platet.
Les trois quart des habitants sont nés à Saint Nazaire.
A l'école sont inscrits 78 élèves, répartis entre 41 filles et 37 garçons danstrois classes, avec un instituteur et deux institutrices.
68 % des hommes sont des ''vignerons'', de cultivateurs ou de de propriétaires exploitants, plus aisés que les premiers ils ont des ouvriers agricoles à leur service. On note également quelques ''rentiers'' et ''rentières'' qui vivent des revenus de leur propriété sans l'exploiter eux mêmes.
83 % des femmes sont des ''ménagères'', nous parlerions aujourd'hui de femmes au foyer. Mais le plus souvent elles aidaient leur mari à l'exploitation agricole, surtout dans le cas des ''cultivateurs''.
Parmi les conseillers municipaux élus en 1912, on relève des propriétaires exploitants, des cultivateurs, artisans et commerçants. C'est Antoine LAU, un propriétaire exploitant qui est désigné comme maire. La représentation municipale correspond exactement à la structure sociologique du village.
L'économie viticole constituait l'essentiel des revenus de la population.
Certaines activités sont directement liées au travail de la vigne. Ainsi, on compte deux maréchaux ferrant qui s'occupaient de ferrer les chevaux de traie, aiguisaient les outils agricoles, mais pouvaient également accomplir des ouvrages de ferronnerie.
Un distillateur, pour la production de l'eau de vie.
On compte plusieurs cafés, là il faut comprendre débits de boissons, une boutique dans laquelle on sert et on vend du café (quartier du Barry Haut), et un limonadier.
Un receveur buraliste qui vend du tabac, monopole d’État, perçoit les taxes sur les alcools et leur transport.
Pour les besoins de la population, il existaient trois épiceries, deux boulangeries, deux boucheries.
Il fallait aussi se chausser et s'habiller, d'où la présence de trois cordonniers et plusieurs ateliers de couture réunissant six couturières.
Pour les besoins de la population, il existaient trois épiceries, deux boulangeries, deux boucheries.
Il fallait aussi se chausser et s'habiller, d'où la présence de trois cordonniers et plusieurs ateliers de couture réunissant six couturières.
Deux maçons et un menuisier s'activent pour tout ce qui est construction et réparations des caves et maisons.
La carrière de marbre est alors en activité et le restera pendant la guerre.
Saint-Nazaire est déjà relié à l'extérieur par le télégraphe.
Les actes de successions et autres sont signés sur place dans l'office du notaire.
Donc un village de la France rurale de la fin du XIX° siècle, avec une intense activité économique.
Par Kareen BOUISSIERE BOULLE
Archives privées M J.M. CHAUVET
LECTURE N°1 : LA BATAILLE DE LUNEVILLE.
Extrait du carnet de guerre de M Louis MOURET
Grand père de Messieurs Christophe et Luc MOURET
Août 1914,
« …. Voilà qu'une pluie douce vient arroser le champ de bataille et les sifflement sonnore des obus qui éclatent. Voilà que les Allemands nous refoullent il faut battre en retraite car nous n'avons pas de renfort derrière nous et que l'artillerie a nous était démolie.
Je fais la retraite seul au milieu des balles et des obus qui venaient de partout.
Voilà que je trouve un soldat derrière une mautte de gerbes [meule de foin] je profite de ce petit masque pour boire un coup car la soif était très forte.
Nous partons tous les deux laissant sur le champ beaucoup de morts et quelques blessés.
Enfin j'arrive sur la crête je trouve une gourde pleine de rhum qui me sert à faire boire les blessés….
J'entre à Lunéville avec tous les deux (un sergent et un caporal) un à chaque bras dont je les remets à l'hopital.
Voilà que quelques obus tombent dans Lunéville entre autres sur l'hopital et sur le pont qui tue un officier d'artillerie et plusieurs civil. Je passe le pont au galop je trouve un canon d'artillerie dont le conducteur m'invite à monter. Nous faisons quelques kilomètres comme ça puis on nous rassemble pour nous reconter….… quand nous avons fait le resensement de la Cie nous avons été 60 sur 262 que nous sommes partis de Béziers…. »
Fin août 1914, LE QUOTIDIEN D'UNE COMPAGNIE D'ARTILLERIE.
« …. Nous avançons notre artillerie tire sans interruption. Mais l'artillerie allemande se met à tirer les obus passent sur nos têtes. Nous arrivons auprès d'un petit bois de sapins où il y avait quelques cadavres Français. Enfin la nuit vient nous marchons en avant pour prendre une batterie d'artillerie qui tirait en avant de nous à quatre cents mètres. A minuit nous trouvons dans l'obscurité le culot des
cartouches même [ainsi que] l'emplacement mais les pièces ni étaient pas. Nous nous couchons à ce même endroit puis nous attendons le petit jour…….………. A neuf heure je part avec l'escouade pour aller assurer la liaison avec le 142eme.
Nous nous installons dans le fond du village d'Audonville [où] ... faisons la cuisine à notre aise on met avec le cochon quelques poules qui rodaient dans les rues. On mange bien mais sans faim. Nous passons la nuit dans cette maison dans le lit du domestique. Journée assez tranquille. »
Le 11 septembre
« Nous occupons la même position. Nous faisons à l'aise notre popote et nous lavons le linge car nous étions très sales.
On coupe les cheveux avec une vielle tondeuse a chevaux puis on mange la soupe. On attend au dehors tonner le canon. Voilà que tout à coup un obus des grosses marmites tombe dans la rue qui éclate et dans le portail passe le culot qui tappe avec violence au mur sans nous faire mal. On tellement l'habitude a ses objets la qu'on continue a manger nous faisons le café et nous nous mettons
dans le lit pour nous reposer mais il y avait toujours deux hommes à observer…. »
Carnet de Louis MOURET
Archives privées M L. MOURET
LECTURE N°2 : QUAND ON RENCONTRE LES GARS DU PAYS DANS LE BRUIT DES CANONS QUI GRONDENT
Girard CALVET est le grand-père de Mme Jany COLAS. Mobilisé en 1914, dans le génie, entre à l'école d'aviation en juillet 1917, démobilisé le 14 avril 1919.
Vendredi 28 août 1914 Bien chers cousins et cousines J'ai reçu votre lettre et carte, suis très content d'avoir reçu de vos nouvelles, lorsque vous me ferez réponse vous pourrez cacheter vos lettres ; elles me parviendront la même chose. J'ai revu Vidal, avant-hier soir.Je lui ai donné le bonjour de votre part. Au moment où nous nous sommes rencontrés, il pleuvait à verses et nous étions en marche en avant, non loin de là on rencontré des blessés ennemis et des morts. Lundi et ces jours, c'est le 20 août, il y a des prises très sérieuses ; c'est affreux de voir jamais de la vie ceux qui ne sont pas présents, il ne peuvent pas se faire une idée de cette malheureuse campagne que nous avons entreprise. Ca va être désastreux pour les habitants de ces pays là. Hier nous avons fait des travaux, il a plu presque toute la journée et aujourd'hui le temps reste toujours lourd. Le canon gronde sans cesse, nous faisons des passerelles sur une rivière ; en ce moment et à l'heure où j'écris ces quelques lignes, nous cassons un peu la croûte pour attendre ce soir, peut être à 9 ou 10 heures qu'on arrive au cantonnement….. Trois frères de chez moi dont 2 réservistes et un de l'active, qui servent au 96eme de ligne de Béziers ont été blessés tous le trois…… J'ai des copains au 81eme mais je n'ai pas vu celui de St Nazaire. Vous pouvez croire que je languis que cela finisse, mais, en attendant, je suis toujours plein de courage pour la défense de notre pays et je m'en fait un grand honneur. Je ne puis pas vous donner de grands détails, car je ne peux pas. Faites correspondance avec mes parents. Je suis très content de savoir que vous êtes tous et mes parents en très bonne santé. Ecrivez moi de temps en temps, ça me gardera un peu de languir. Chez nous dans notre compagnie nous avons que quelques morts. Recevez mes meilleures embrassades et souvenir de votre cousin dévoué. Girard Calvet.
Girard CALVET
Aux commandes du BREGUET XIV
Archives privées Mme J. COLAS
LECTURE N°3 : SUR LA MOBILISATION et LES VENDANGES
Lettre de Lubin CHAPPERT Grand père maternel de Mme Annie VILLEBRUN Vigneron, classe 1900, Infanterie Coloniale - mobilisé le 1er septembre 1914 Toulon le 18 septembre 1914 Bien chère épouse, bien chers parents,Comme je vous le disais dans ma dernière lettre les hommes du service auxiliaire que nous avons convoyés arrivent maintenant. Que va-t-il se passer pour nous, sûrement qu'ils vont nous « supprimer » dans tous les bureaux. Quoique ils vont à nouveau passer en conseil de révision et seront versés à leur tour dans les compagnies, ceux reconnus aptes à faire campagne. Ces hommes me font rappeler Joseph et vous prie dans votre prochaine lettre de me dire l'effet que lui produit la perspective d'aller passer une nouvelle visite. Je reviens à l'objet de ma lettre. A mon avis et d’ailleurs les « prévisions » sont telles, tous les effectifs des dépôts seront obligés de partir dans un temps plus ou moins lointain.Hier il y eut à la Section Hors Rang un petit coup de torchon, et une quarantaine furent renvoyés dans les unités qui les ont déjà habillés et feront partie du détachement de 1200 hommes qui doit partir dans la journée de demain. Rives Siméon est du nombre ainsi que son beau frère. Pour mon compte quoique ma situation avec celle des camarades ne soit pas stable, nous sommes pour le quart d'heure à notre poste, attendons les événements. Ah, le jour où viendra notre tour d'aller défendre notre sol, nous saurons le faire vaillamment car, la France a en ce moment besoin de ses enfants et qui doivent se dresser maintenant pour garantir son indépendance et chasser outre Rhin les armées du despote. Si cela ne dépendait pourtant que du Lieutenant « ce quartier » ne bougerait pas car, il est satisfait de nous. Que ce passe-t-il à la maison ? Je ne doute pas que tout le monde est à son poste de labeur et faites tous plus que ce que vous pouvez. Tâchez de ne pas trop vous surmener…….Tu me diras chère Elisabeth dans les lettres comment vous procédez, les comportes « s'il y en a à » tel ou tel endroit, si l'on a fini de retirer le vin. C'est à dire un compte rendu complet de tout ce que vous faites et qui se passe dans le pays. Une grosse embrassade à Léa et à vous tous, mes amitiés à la famille Lau et Henri. Lubin Chappert.
Archives privées Mme et M VILLEBRUN
LECTURE N°'4 : DANS L'ATTENTE DE MONTER AU FRONT Carte adressée à Monsieur et Madame Marrot Théodore à Saint Nazaire de Ladarez. De Marrot Jean 72eme section, 6eme escouade d'Infanterie militaire, 10 Quai de la Rapée à Paris. Cher Oncle et Tante Je vous dirais que nous sommes toujours à Paris. Nous ne sommes pas mal on ne fais rien en attendant de partir dans un train sanitaire, on est bien nourris et de bons chefs, mais le vin ait à des prix fous nous buvons que du vin blanc qui ait à douze sous le litre ou bien alors de la bière ou du …. mais ça ne vaut pas le bon vin rouge du midi. J'attends de vous pour me dire si l'oncle Théodore est parti et où il ait allé. Je vous ait écrits le premier jour que nous sommes arrivés pour vous demander quelques sous, je n'ai encore rien reçu ainsi que mes camarades. Je vous embrasse bien fort, votre neveu qui attends de vos nouvelles. Jean
Archives privées Mme Régine ROCAS - MARROT
LECTURE N°5 :
DE MALANCOURT AU BOIS DES FORGES, « HISTORIQUE JOURNEE »
Antonin MARTY est le grand-père de Mme Lucienne CHAUVET.
Antonin est cultivateur à Laurens. Il est de la classe 1908, mobilisé le 1er août 1914, soldat musicien durant son service militaire, il est affecté au 55eme RI de Pont Saint Esprit.
Septembre 1914
18 Vendredi : Arrivés à Avaucourt, les Allemands occupent le village à côté qui est Montfaucon d'où il nous arrive une grêle d'obus ; travail toute la nuit pour relever les blessés. C'est pour nous une effroyable.
19 Samedi : nous sommes dans une nouveau bois d'Avercourt qui est face à Montfaucon. La pluie est toujours mêlée aux grêles d'obus qui ne cessent ni nuit ni jour.
20 Dimanche : pluie glaciale et grêle d'obus
21 Lundi : 3 jours que nous sommes dans le bois où nous couchons dehors et sous une pluie incessante.
22 Mardi : Attaque sur Montfaucon ou nous avons eu beaucoup de pertes au moins 200 blessés et une centaine de morts, froideur terrible pour retirer les blessés qui sont tout proches des Allemands et c'est très dangereux.
23 Mercredi : toujours dans le bois d'Avocourt sous le froid la pluie et une grêle d'obus et de balles.
24 Jeudi : Couché à Esues où nous avons bien dormis dans une grange où nous étions enterré dans la paille jusqu'au cou…...
Extrait du blog Sur les traces des « Midis » du XV° Corps.
- Octobre 1914 : Antonin avec sont régiment défend le bois de Malancourt, situé sur un plateau, d'où il assiste à la bataille du Bois des Forges qui permettra aux forces françaises de desserrer l’étau allemand autour de Verdun.
Octobre 1914
23 Vendredi, 24 Samedi et 25 Dimanche : repos à Mognevielle
26 Lundi : Départ toujours à 2 h du matin pour le bois de Montfaucon pour aller relever le 61eme qui n'en pleurera pas
27 Mardi : rien à signaler
28 Mercredi : vers 6 heures du soir on nous prévient de nous tenir prêts à partir pour une destination inconnue
29 Jeudi : Départ à 2 heures du matin, pour Malancourt point extrême des lignes françaises c'est à dire à 3 km de Montfaucon ou sont de formidables forces Alboches. Ce village est complètement dévasté et brûlé il ne reste plus que quelques murs qui ont même commencé de s'effondrer en ruines……….. …. Il y eu ce jour là un terrible engagement car tout le Xveme Corps devait attaquer pour forcer les lignes allemandes . Notre artillerie a craché toute la journée et il y avait au moins 100 pièces qui ont commencé le feu au moment ou un ballon captif qui était à Dombasles c'est montré. Tout le monde étaient anxieux au moment venu on vit monter lentement dans les airs le ballon en question. Le moment était solennel. Notre petit 75 surnommé l'imbattable par par le Boches ouvrit le feu dessuite après, le 98, le 120, le 240 et les forts de Verdun, tout ça se mêla de la fête
Nous étions sur la route de Malancourt à Montfaucon sur une hauteur d'où l'on pouvait tout voir. Il aurait fallu voir ce tableau. Un temps gris et froid au milieu d'une vaste plaine on voyait dans l'air des éclairs innombrables soir du côté Alboche soit du côté français. Ce fut un bombardement formidable et historique journée ou nos ennemis fûrent réduits au silence. Mais vers le soir à la tombée de la nuit de rage ils envoyèrent une grêle d'obus appelés schrafrnels au nombre de 50 au moins sur la maison où nous avion établi un poste de secours pour les blessés. Il y eut ce jour là 16 blessés et un mort, nous portâmes dans la nuit les blessés sur la route d'Esues où était la voiture d'ambulance. En résumé bonne et historique journée.
Le Bois des Forges après la batailles (extrait du site delcampe.net)
Extrait du site Combattants de la guerre 14-18
Carnet d'Antonin, archives privées J.M. CHAUVET
LECTURE N°6: LA CORRESPONDANCE DES ENFANTS
Lettre de Paul BOUISSIERE à son père Auguste BOUISSIERE, mobilisé au printemps 1916.
Paul est le père de Monsieur Francis BOUISSIERE.
Au moment où il écrit cette lettre Paul a 12 ans, c'est l'année où il prépare son certificat d'étude.
St Nazaire le 27 mars 1916
Cher papa
Je suis très content à larrivé de ta lettre laquelle ma fait grand plaisir de te savoir en bonne santé. Nous de notre côté allons très bien. Jeudi dernier je suis allé a sécho et le soir en revenant j'ai apporté des herbes pour les lapins.
Tu sais que j'en ai une brave collection j'en ai six de gros cinq de petits et un nid qui échappera bientôt.
Je puis te dire aussi que grand-père va chaque jour piocher a secho et ces jours ci que le terrain était mou il a taillé quelques oliviers.
Maman est toujours gourmande, encore elle ne c'est pas dégouté de boire du café car hier samedi elle est allée chez Engèle de Mons pour sen faire donner et pour paye elle lui a apporté un choux fleur.
Tu pourrais bien menvoyer a moi seul ta photographie et tu auras la bonté de te la faire tirer au plutôt possible.
Tu pourrais bien menvoyer aussi une paire de moletières de 2 metre et demi de long dune couleur bleu horizon.
Je termine ma lettre en t'embrassant bien fort.
Reçois cher papa mille baisers.
Paul Bouissiere
Paul BOUISSIERE
Archives privées M. F. BOUISSIERE
LECTURE N°7 : SUR LA CENSURE DU COURRIER
Lettre de Auguste BOUISSIERE viticulteur cordonnier à son épouse Julie, couturière.
Auguste est le grand-père de Mr Francis BOUISSIERE
Il est de la classe 1895 armée territoriale, mobilisé tardivement au printemps 1916.
Samedi le 26 août 1916 soir
Chère Julie
Je répond à ton aimable carte que je reçois toujours avec plaisir et surtout de vous savoir tous en bonne santé.
Pour moi je vais toujours bien Ta jolie carte que tu m'envoie elle est daté du 21 août et je n'ai pas reçu d'autre correspondance que la dernière lettre qui était daté du 16 août alors je ne crois pas que tu reste jamais cinq jours sans écrire. Tu dois voir je crois qu'il nous en gardent la moitié. Il y a que les lettres que je reçois qui peut me faire plaisir et nous sommes privé des lettres car je comprends que tu écris tous les jours ou au moins tous les deux jours et je reste facilement 4 jours sans nouvelles.
J'espère que vous avez beau temps et que vous commencerait bientôt à vendanger et au moins fait tout ton possible pour profiter les raisin que nous avont car tu sais comme moi je fezes et ne craint pas d'en faire autant malgré que tu me criait toujours je savais en profiter. On ne vendange qu'une fois par an. La récolte doit être toujours jolie.
S'il n'y a rien de nouveau je viendrai au commencement de novembre au moins quelles viennent a saretter de nouveau alors je serais plus en retard je fais partie du 8eme tour mais je ne languis pas du tout. Je préférerais la fin que la permission.
Je t'en dis pas plus long c'est nuit. Des compliments à ton Père et la tante.
Embrasse Paul pour moi.
Ton Epous qui t'embrasse.
Auguste.
LECTURE N°8 : VERS LA FIN DE LA GUERRE
Alexandre Planès dit Narbonne
Classe 1892
Mobilisé le 30 novembre 1914, fait prisonnier, rapatrié le 1er décembre 1918, démobilisé le 15 janvier 1919.
Cultivateur, grand-père de Mme Micheline MOLINA
Envoi des internés français.
Mr Planès Alexandre 322 Territorial
À Interlaken Hotel Soleil Suisse
Mademoiselle Adrienne Planès à Lugné par Cessenon
Hérault France
Interlaken le 27 septembre 1918
Ma chère fille et belle Mère
Continuez d'envoyer votre corépondance
Convoie retardé, jusqu'à quand, je n'an sait rien, la grippe, le froid commences à se faire santires, je suis anrumet mai cela n'est rien ne tans fais pas pour sa.
J'espère que vous avez fait de bonnes vendange
Je désire que ma lettre vous trouve tous an bonne santé demain je te fairét une lettre
Recoit de ton chere papa mille bon baisser an brasse grand-mère et les soeures...
Planès
Archives privées Mme M. MOLINA
LECTURE N°9 : LA PERSPECTIVE DU RETOUR
Alexandre Planès dit Narbonne
Classe 1892
Mobilisé le 30 novembre 1914, fait prisonnier, rapatrié le 1er décembre 1918, démobilisé le 15 janvier 1919.
Cultivateur, grand-père de Mme Micheline MOLINA
Carte d'Alexandre PLANES
A sa fille et belle-mère Octobre 1918
Envoi des internés français.
Mr Planès Alexandre 322 Territorial
À Interlaken Hotel Soleil Suisse
Mademoiselle Adrienne Planès à Lugné par Cessenon
Hérault France
Chère belle Mère et chère fille
Me voici un peu retardé pour mon arivée mais maintenant je conterait quan je serait dans le train
J'espère que vous aurez fait des bonnes vendanges et que sa sera les dernière que vous aurez fait sans moi et que vous aurez pansé a me garder quelques rangées de raisins pour quand j'arriveré…
Ma chère belle mère je vous am brasse de tous coeur et anbrassé ma fille pour moi.
Planès.
Archives privées Mme M. MOLINA
LE MONUMENT AUX MORTS : historique et symbolique.
Le monument est érigé entre 1923 et 1930.
D'un coût entre 10.000 et 12.000 francs de l'époque, il est financé par une souscription et la recette de plusieurs représentations de pièces de théâtre.
La statue a été réalisée en 1923 par le sculpteur statuaire Montpelliérain Raoul DUSSOL, et offerte par la famille Pastre-Lognos.
D'une hauteur de 5 mètres de haut, il se compose d'une statue en pierre taillée placée sur un socle de marbre de St Nazaire, et adossée à un obélisque en marbre de St Nazaire.
Une grille délimite un espace clos à caractère sacré, seul le premier magistrat municipal, c'est à dire le maire, les anciens combattants ou les enfants de l'école symbolisant l’innocence ont le droit d'y entrer.
L'obélisque est emprunté aux anciens monuments funéraires, pour rapprocher les défunts du ciel.
La palme avec la croix de guerre symbolisent la victoire et le sacrifice, elle permet de concilier les représentations des croyants et non croyants, de tous les citoyens. C'est également une décoration militaire, c'est à dire un honneur officiel.
La statue est une allégorie de la France et de La République victorieuses assise sur un trône, cette fois la palme avec la couronne mortuaire ; qu'elle tient dans chaque main, symbolisent le deuil. A sa gauche, un rouleau sur lequel figurent les armes de St Nazaire.
Au dessous, un buste de soldat en bronze auréolé de la couronne honorifique faite de laurier et de chêne, symbolisent la guerre et le triomphe.
De façon générale la symbolique est celle de la République établie depuis la révolution française de 1789 et largement inspirée de l'Antiquité.
La dédicace : A ses enfants morts pour la Patrie St Nazaire reconnaissant. Reconnaissance de la Commune pour ses enfants mais aussi des citoyens morts pour la défendre. Ils sont au nombre de 18, inscrits de part et d'autre du socle.
Nous pouvons donc le classer dans la catégorie des Monuments Patriotiques Républicains
Le monument est érigé dans l'espace qui est considéré à l'époque comme central ; d'après le registre de délibérations municipales. C'est un choix délibéré, c'est l'espace le plus fréquenté, bien en vue ; il s'agit ici d'entretenir le souvenir, c'est un monument mémoriel.
PRADES Maurice
soldat
du 111Régiment d’Infanterie (111°RI), 
